Humeurs

Le sexisme ment comme un arracheur de cheveux blancs

Il existe une ombre de haine bien opaque et poisseuse qui plane au dessus de la vieillesse féminine. Il existe un univers tellement négatif autour  des cheveux blancs des femmes, qu’il est difficile pour beaucoup d’entre nous d’assumer la canitie, pourtant indissociable d’un corps inexorablement voué au marquage du temps. Celle-ci porte le poids d’aléas historiques et sociaux inconsciemment absorbés et reproduits dans nos représentations quotidiennes. L’évolution de la teinte du cheveu féminin en une coloration plus lumineuse et flamboyante est associée à la figure de la sorcière, maléfique et laide, repoussoir suranné des Disney, à la décrépitude, la saleté , la maladie ou au signe trop frappant d’une jeunesse qui s’étiole, surtout quand la valeur des femmes est définie encore aujourd’hui par leur conformité aux diktats stricts du jeunisme et  aux standards inatteignables de beauté.

Fort étrangement, il existe pourtant dans un univers alternatif une chevelure grisonnante savoureuse qui elle ne donne pas l’impression de croupir sur un périmètre crânien amianté et qui exhale un parfum de sagesse, suscitant  une admiration béate. Elle est considérée comme un atout de séduction et elle n’est ni vue comme une déviance, ni soumise au regard réprobateur. Celle-ci pourrait pousser hirsute, en épi ou en touffettes sporadiques  que cela n’altérerait que très peu voire pas du tout  le statut social de son détenteur. Vous imaginez probablement à cet instant précis un beau bobtail secouant sa fourrure grise qui volette  au rythme de ses galops  gracieux. Haaaa, tendre naïveté… Votre bonté d’âme vous perdra!  Petit indice de la regrettée Carrie Fisher pour vous mettre sur la voie : «  Les hommes ne vieillissent pas mieux que les femmes; ils ont seulement l’autorisation de vieillir ».

 J’aime l’idée que ma couleur de cheveux un jour se mue  dans une teinte radicalement opposée à l’originale. J’aime la prestance qu’elle confère, la touche de luminosité  qu’elle répand progressivement sur un visage ou d’autres parties du corps qui l’accueillent. Considérer les cheveux gris comme un inconvénient ou un futur redoutable ne m’a jamais effleuré l’esprit. Je vois cet aspect du physique comme une nouvelle dynamique de notre enveloppe charnelle vivante donc fluctuante. Et puis passer sa vie à les cacher ou en faire une énième obsession absurde dictée par les injonctions qui nous sont pour leur grande majorité destinées, est trop chronophage et énergivore.

  J’ai un modèle qui ridiculise les stigmates misogynes accolés aux  têtes blanches : Ma maman. Elle les porte ainsi depuis des années et les dorlote comme un joyau qu’elle poli avec minutie, si bien que sa coupe courte toute blanche est devenue la pièce phare de son allure et l’endroit où semble se cristalliser toute la lumière environnante.  Depuis j’associe, la blancheur  des cheveux  d’abord  à la beauté de ma maman, à des instants précieux de quiétudes et  à des niches de ravissement. Je vois en ces tiges d’ivoire, les paysages immaculés de Santorin,  l’électrique Tornade des X-MEN (of course), le sable d’Assinie tôt le matin, la nacre d’une perle de culture, un bijou en argent sur une peau pétrole…

Les cheveux blancs ne sont pas forcément synonymes de négligence ou d’un laisser-aller à déplorer comme l’on pourrait encore le lire dans la presse ou l’entendre au détour d’une conversation. Ils demandent  une attention toute particulière si l’on fait le choix de maintenir leur éclat ou jouer  des reflets nacrés, aciers,  argentés … Beaucoup de femmes d’âges mûres ou non d’ailleurs  les portent pour façonner davantage leur style car ils constituent un élément esthétique  pointu à part entière (même si  la tendance est de les envisager de la sorte bien souvent sur des visages de filles jeunes).  

L’idée selon laquelle  la vie des femmes s’arrête là où commence la vieillesse est vide de sens. Peut-être a-t-elle plus de chance d’être épanouissante et de commencer comme nous le décidons, là où s’arrête la peur abyssale de vieillir.  Qu’importe le choix pour lequel on opte, inutile de préciser que le dernier mot nous revient!

Des têtes blanches dans la salle ? Vos cheveux blancs (assumés ou non ) représentent quoi pour vous?

Dites-moi tout!

Sinon je tiens à préciser que j’ai donné de ma personne pour cet article peaufiné sans mes lunettes égarées depuis 2 semaines, les yeux plissés, la migraine de l’enfer qui va avec, bref la totale. Donc il s’agirait de partager mon article si tu as un soupçon de conscience. Crdlt

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